L'éditorial

     Ce qu’il y a de bien, à Rennes, c’est la mer ! La boutade pourrait prêter à sourire. Et pourtant, à l’aune des embouteillages sur le périphérique parisien, la distance qui sépare l’agglomération rennaise de sa voisine malouine ferait pâlir d’envie plus d’un automobiliste francilien. En moins d’une heure, en voiture ou en TER, on peut quitter le centre-ville de Rennes et fouler le sable au pied des remparts. Évidemment, les relations entre Rennes et Saint- Malo ne sauraient se résumer à cette carte postale, même si la dimension touristique de proximité est vécue comme un réel atout. Dans le dossier de ce numéro, qui paraît à quelques semaines du départ de la Route du Rhum, nous avons cherché à interroger les multiples facettes de la coopération entre les deux territoires. Une coopération qui ne coule pas de source, comme l’atteste l’histoire souvent antagoniste des deux villes. Mais ce dialogue parfois vif pourrait bien connaître un second souffle, à en croire les nouveaux édiles des deux agglomérations, bien décidés à reprendre et à approfondir les nombreux dossiers ouverts – pas toujours avec succès – par leurs prédécesseurs.
    Aujourd’hui, les convergences mutuelles apparaissent plus importantes que les agacements réciproques qui ont pu émailler le cours des relations renno-malouines. Plusieurs sujets prioritaires devraient faire l’objet dans les prochaines semaines d’un examen approfondi, avant la publication, en novembre, d’une feuille de route précise et d’un calendrier resserré. Parmi ceux-ci, on peut citer sans risque de démenti l’économie et l’emploi, les mobilités, le tourisme – notamment dans sa composante « affaires » –, le numérique… L’enjeu est de taille. En développant avec Saint-Malo des relations constructives et une vision partagée du territoire, Rennes Métropole travaille aussi à renforcer sa propre attractivité, tout comme Saint-Malo peut se prévaloir d’être arrimé à un territoire dynamique à fort potentiel. À partir de ce numéro, Place Publique souhaite ouvrir largement ses colonnes à des contributions malouines, sur des thèmes en résonance avec ce vaste chantier de la coopération. Celleci, d’ailleurs, n’est pas exclusive, comme en témoigne la poursuite des relations entre Rennes et Nantes. La revue, qui fête ce mois-ci ses cinq ans, l’illustre à sa manière. Place Publique a été d’abord été créée à Nantes en 2007, avant que l’édition rennaise ne voie le jour à l’occasion du colloque sur la coopération entre les deux métropoles, en septembre 2009.
    Au sommaire de ce numéro 31, vous retrouvez également nos rubriques habituelles : histoire et patrimoine, initiatives urbaines, contributions. À noter, un entretien passionnant avec le metteur en scène Hervé Lelardoux, observateur attentif des « villes invisibles » ; la véritable histoire de la révolte du Papier Timbré ; la saga de la famille Jobbé-Duval, artistes rennais sur cinq générations ; le récit inédit de la présence du chirurgien et académicien Georges Duhamel au chevet des blessés à Pontchaillou en 1940. Sans oublier un reportage fascinant sur Chicago, cette « ville d’ailleurs » caractérisée par la verticalité, l’étalement et la ségrégation. Un passionnant livre d’architecture à ciel ouvert, mais pas vraiment un modèle de développement pour nos métropoles !
    Enfin, la rubrique « Rennes des écrivains » accueille un récit intime d’Irène Frain. L’auteur à succès y raconte sa première visite, encore enfant, dans la capitale bretonne à l’occasion du mariage de sa cousine. Une évocation savoureuse et délicate du Rennes des années cinquante, par cette Lorientaise qui a fait ensuite ses études à Rennes, avant de devenir une véritable ambassadrice de la Bretagne, à Paris et ailleurs. Bonne lecture et bon vent !