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Dossier
#26
RÉSUMÉ > Le leader de l’opposition municipale publie « Osons Rennes ! », un petit ouvrage destiné à lancer sa campagne. Un exercice de style très classique pour tenter de prendre de la hauteur.

     Bruno Chavanat se lance dans la campagne des municipales 2014 de manière très classique. Avec un livre, publié le 17 octobre. Le leader des droites rennaises a souhaité « ouvrir le débat, dans un format qui permette de sortir du communiqué et de la petite phrase du conseil municipal reprise le lendemain par la presse ». Intitulé « Osons Rennes ! », cet opuscule d’une centaine de pages porte un regard évidemment critique, mais argumenté, sur la politique locale. Pour identifier les thèmes les plus porteurs, le candidat a élaboré un questionnaire diffusé à 80 000 exemplaires. Il revendique 3 500 réponses, et affirme avoir reçu 350 commentaires individuels. Ce sont ces paroles de Rennais qui alimentent réflexions et propositions. « Je considère que malgré les apparences, le débat public est déficient à Rennes. On ne le mesure évidemment pas au nombre de colloques et de publications ! Mais il n’est pas normal que le sentiment général soit, à ce point, que le système ne peut pas bouger », dénonce Bruno Chavanat.

     Sans surprise, son livre distribue davantage de blâmes que de satisfecit. Il fustige les « professionnels de la politique » de la majorité municipale sortante et « l’instinct de survie » qui caractériserait, selon lui, le système en place. Au fil des pages, se dessine donc un modèle qui se veut alternatif. Bruno Chavanat défend ainsi une vision de la ville réorganisée autour de « villages » - une place, un commerce, un monument - garants à ses yeux du vivre ensemble et de l’harmonie locale. Flattant son électorat traditionnel, le héraut des droites souhaite que Rennes soit plus attentif aux familles, évoquant au passage « le parcours du combattant » pour l’obtention d’une place en crèche et les difficultés des jeunes ménages avec enfants à se loger dans la ville-centre.

     En dépit de son caractère par essence partisan, l’ouvrage a toutefois le mérite d’éviter les attaques personnelles en posant des questions légitimes. Certaines thématiques rejoignent d’ailleurs des débats qui ont souvent fait l’objet d’articles dans Place Publique. C’est le cas par exemple des déplacements, du logement, de la sécurité et de la solidarité, qui nourrissent ainsi des chapitres complets. En filigrane, apparaissent clairement les enjeux de la prochaine élection, que l’on imagine à ce stade très influencée par le contexte économique difficile et les inquiétudes qui en découlent.
    En choisissant de prendre la plume à la veille de son entrée en campagne, le candidat de l’union des droites sacrifie à un rituel. Moins qu’un succès de librairie, Bruno Chavanat cherche sans doute à inscrire son engagement politique dans une certaine lignée intellectuelle qui correspond historiquement à l’inclination politique locale. Henri Fréville et Edmond Hervé étaient tous deux universitaires et adeptes du temps long. Peut-être faut-il voir dans cet exercice de style comme un discret hommage à ces figures tutélaires de l’espace politique rennais.