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Dossier
#31
La relation Rennes/Saint-Malo vue par…
RÉSUMÉ > Ils sont sportifs, chefs d’entreprise, acteurs du monde culturel ou professionnels de l’immobilier. Ils ont en commun de vivre au quotidien la relation entre Rennes et Saint-Malo. Ils partagent ici leur vision de la coopération.

Michel Menny, PDG de Seifel : « Il faut jouer la complémentarité. »

     « Je m’intéresse à la coopération entre Rennes et Saint- Malo à deux niveaux : côté entreprise, je cherche à diversifier mon activité en intégrant de nouvelles applications à forte valeur ajoutée dans mes produits, sur le marché du mobilier urbain sensible (réseaux électriques, gaz, télécoms…) et de la mobilité (bornes de recharge pour les véhicules électriques). Je cherche donc à nouer des partenariats locaux avec des acteurs des nouvelles technologies, notamment dans le numérique, qui sont présents sur le bassin rennais. L’expérimentation de nouvelles solutions de mobilités sur l’axe Rennes/Saint- Malo m’intéresse également car la distance entre les deux agglomérations s’y prête parfaitement. De même, nous sommes en étude sur des solutions de « mobilité douce » (vélo électrique par exemple) dans un contexte de valorisation touristique de circuits particuliers.
    Par ailleurs, en tant qu’acteur économique, je suis sensible à l’attractivité du territoire. À Saint-Malo, nous ne pouvons pas nous contenter du tourisme ! Il faut également proposer des formations supérieures, avec des laboratoires de recherche dans des domaines précis, en complémentarité de l’offre rennaise. L’avenir économique de Saint-Malo passe par les start-up, qui doivent pouvoir trouver ici un écosystème adapté à leurs attentes, et par la pérennité des activités industrielles classiques déjà présentes. La proximité de Rennes doit y contribuer. »

Gilles Lamiré, skipper du bateau « Rennes Métropole/Saint-Malo Agglomération » : « Rennes/Saint-Malo, un territoire que je vis naturellement. »

« La relation Rennes/Saint-Malo, pour moi, c’est une évidence ! Lorsque je suis allé à la rencontre de Saint- Malo Agglomération dans la perspective de cette Route du Rhum 2014, j’avais déjà en tête l’axe Rennes/Saint- Malo. C’est une histoire de famille ! Mes grands-parents étaient Cancalais, mais ils travaillaient à Rennes. Enfant, je vivais en région parisienne et nous faisions toujours une halte chez eux, rue Richard-Lenoir, sur la route des vacances. Désormais, je suis très fréquemment à Rennes, pour rencontrer mes partenaires économiques, notamment. C’est donc un territoire que je vis naturellement. Pour moi, Rennes, capitale de la Bretagne, se vit comme un « hub », ouvert sur l’extérieur. Il existe une véritable complémentarité avec Saint-Malo. L’alliance des deux agglomérations autour du bateau pour cette Route du Rhum est valorisante pour tout le monde, dans la logique des initiatives menées conjointement avec le Québec, par exemple. Je tiens d’ailleurs à souligner que ces deux partenaires institutionnels ne dilapident pas l’argent du contribuable dans cette aventure : ils n’apportent que 25 à 30 % du budget de la course (N.D.L.R. : 50 000 euros par an et par collectivité pendant deux ans), et ils sont assurés, en contrepartie, de bénéficier d’une très forte visibilité médiatique avant le départ et pendant la transat. J’ai la chance de courir sur le bateau avec lequel Lionel Lemonchois a remporté la précédente Route du Rhum dans la catégorie des multicoques de 50 pieds. Je suis donc très confiant et je vise le podium ! »

Jean-Yves Bordier, Créateur du beurre Bordier : « Les deux poumons d’un même territoire. »

     « Pour moi, la relation entre Rennes et Saint-Malo est indissociable. J’ai démarré mon activité à Saint-Malo mais je me suis rapidement rapproché de Rennes pour des raisons logistiques, dans un souci de développement national et international. En bon Breton, j’ai autant besoin de l’Armor que de l’Argoat pour vendre du beurre à Hong Kong ! Lorsque j’accueille mes clients, ils viennent visiter l’atelier de fabrication, près de Rennes, puis découvrent la Maison du Beurre à Saint-Malo. Sur le plan économique, il est indispensable que les deux territoires travaillent davantage ensemble, au service de l’emploi. Les sujets de coopérations ne manquent pas ! Il faut oublier les rivalités anciennes, et miser sur les complémentarités de l’axe Rennes/Saint-Malo. Ce sont les deux poumons d’un même territoire de vie et d’esprit d’entreprise. Pour ma part, j’ai la chance de vivre grâce à ces deux villes, c’est une force ». 

Bob Escoffier, Fondateur d’Étoile marine croisières : « Saint-Malo est connu dans le monde entier ! »

     « Même s’il est parfois difficile de travailler à Saint-Malo (j’y suis installé depuis 1986), je ne crache pas dans la soupe : si mon activité de location de bateaux et de construction navale n’avait pas été créée ici, je pense qu’elle n’aurait pas duré. Saint-Malo est connu dans le monde entier, bien plus que Rennes ou Nantes. Si j’osais, je dirais qu’en France, il y a Paris et Saint-Malo ! Je regrette toutefois que les Français n’aient pas de culture maritime, et c’est un peu vrai aussi pour les Malouins, comme les Rennais d’ailleurs. Les gens vont à la plage quand il faut beau. Aller sur l’eau, c’est une autre affaire ! Je constate que je m’adresse à une clientèle d’entreprise qui hésite souvent à organiser un événement sur un bateau.
    Dans les pays nordiques, c’est une évidence, alors qu’en France, pour un séminaire, on pense d’abord à un hôtel ou une salle des fêtes. Cela dit, nous ne sommes pas assez présents à Rennes, c’est de notre faute. Je suis certain qu’il y a pourtant des opportunités à développer entre nos deux villes dans le domaine qui est le nôtre ».

Christophe Penot, Fondateur du centre Cristel Éditeur d’art : « Il existe une réelle attente en matière d’art contemporain. »

     « Qu’avons-nous appris en ouvrant à Saint-Malo le Centre Cristel Éditeur d’Art, premier centre d’art privé sur la Côté d’Émeraude ? Qu’il existe, en matière d’art moderne et d’art contemporain, une formidable attente de la part des Malouins. Attente évidemment partagée par les nombreux Rennais qui sont venus découvrir les deux premières expositions consacrées à des artistes de réputation internationale : Jacques Villeglé et Mark Brusse. Toutes les études le montrent : Saint-Malo symbolise la plus mythique des villes en Bretagne. Elle le doit à son passé, à ses murs, à ses grands hommes, dont Cartier, Surcouf et Chateaubriand… Mais, dans une époque marquée par une forte concurrence touristique, Saint-Malo, pour rester une ville attractive aux yeux de ses visiteurs, doit offrir sur le plan culturel ce que des chefs d’entreprise comme Roulier, Bessec, Raulic ou Beaumanoir offrent sur le plan économique : une image dynamique et moderne. D’où notre volonté d’inviter désormais les meilleurs peintres, les meilleurs sculpteurs de notre temps pour qu’ils créent des oeuvres sur Saint-Malo. Sans conteste, c’est nouveau et valorisant à court comme à long terme... Et c’est la preuve, pour les amateurs d’art, que Saint-Malo, traditionnelle destination balnéaire, possède désormais d’autres atouts dans son jeu… »

Fabrice Barbin, Président de Digital Saint-Malo : « Dans le numérique, les connexions sont rapides et faciles. »

     « Au sein de notre association Digital Saint-Malo, nous voulons fédérer les acteurs du numérique pour les aider à travailler ensemble, tout en contribuant à renforcer l’attractivité du territoire, en direction des jeunes diplômés et des ingénieurs expérimentés. Enfin, nous avons pour objectif de sensibiliser le grand public aux usages du numérique, à travers des ateliers thématiques et des rencontres, par exemple autour de la bande dessinée, à l’occasion du prochain festival Quai des bulles, en octobre. Nous allons nous installer dans l’enceinte du pôle culturel place de la gare, pour gagner en visibilité.
    Ici, à Saint-Malo, nous ne sommes pas sur un territoire « faiseur de technologies », mais plutôt tourné vers les usages du numérique, c’est pourquoi dès l’origine nous avons pris contact avec la Cantine numérique rennaise pour travailler ensemble. Je regrette que nous n’ayons pas pu déposer une candidature commune avec Rennes dans le cadre de la French Tech, mais cela n’interdit pas les coopérations ! Nos adhérents développent des collaborations avec des entreprises rennaises. Venir à Rennes pour rencontrer les acteurs locaux du numérique n’est pas une contrainte car les connexions sont rapides et faciles. »

Laurent Giboire, PDG du groupe Giboire : « Saint Malo, c’est la plage de Rennes. »

     « Saint-Malo, c’est une ville maritime avec un lieu patrimonial et historique magique, qui dispose d’une activité économique et culturelle et des facilités de moyens de transports qui vont encore être renforcées à partir de 2017. Saint-Malo, c’est la plage de Rennes, et ce n’est pas péjoratif de le dire ainsi ! En matière de transports, la combinaison entre le TER et le métro rennais est un atout considérable pour les deux villes et pour toutes les communes situées le long du parcours. Pour le marché de l’immobilier, c’est une réponse efficace au logement des jeunes ménages, qui peuvent habiter à la périphérie tout en bénéficiant de liaisons rapides en direction des deux pôles d’activités malouins et rennais. En matière économique, l’ancrage de la technopole Rennes Atalante à Saint-Malo doit être renforcé, ainsi que les échanges dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche. Dans le domaine de l’aménagement, il y a sans doute une réflexion à approfondir sur l’articulation des ports de commerce, de plaisance et de passagers, à la manière de ce qu’on l’observe dans les grands ports d’Europe du Nord, qui transforment ces activités économiques en facteur d’attractivité touristique. »