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Dossier
#18
ViaSilva : pour une symbiose ville-nature
RÉSUMÉ > La symbiose ville-nature est au fondement du projet ViaSilva qui prévoit 40 000 habitants à l’horizon 2040 entre Cesson, Thorigné et Rennes. On veut y concilier densité d’habitat et large présence des espaces naturels. Le concepteur, l’agence Devillers, propose d’y inscrire un réseau de parcs agro-naturels à portée des habitants et des salariés, de relier la forêt de Rennes à la Vilaine, d’accorder une attention particulière au réseau hydraulique.

     Le territoire de ViaSilva concerne les communes de Cesson-Sévigné, Rennes et Thorigné-Fouillard. Ce site de 600 ha, actuellement voué à l’agriculture, est la dernière grande réserve d’urbanisation située en cœur d’agglomération.

     Sa dimension, dans le cadre d’un projet urbain ambitieux, permet d’envisager l’accueil de l’ensemble des fonctions urbaines : habitat, équipements, activités… À terme, sont prévus 40 000 habitants et 25 000 emplois, avec une densité attendue comparable à celle des quartiers centraux de Rennes. Sa très grande accessibilité, notamment grâce au futur prolongement de la ligne B du métro et la mise en place d’un réseau de bus performant font de ViaSilva un site stratégique pour le développement futur du Pays de Rennes.

     À l’échelle de l’agglomération, l’opération ViaSilva contribuera à la dynamique de développement sur la période 2010-2040 en créant une nouvelle polarité d’agglomération et en poursuivant la dynamique technopolitaine de Rennes-Atalante. Le projet ViaSilva est une démarche de « territoire-laboratoire » puisqu’il envisage de mettre en oeuvre des « macro-îlots », d’expérimenter des nouvelles mobilités et des montages innovants.
     Le système « métro-bus » et le plan d’urbanisme sont élaborés en totale synergie. Parallèlement, l’émergence de nouvelles mobilités sera stimulée par la prise en compte des déplacements doux. Un nouveau principe de programmation urbaine, « le macro-îlot », favorise la diversité des formes urbaines, la coexistence de l’habitat et des activités, ainsi qu’une souplesse d’évolution du tissu urbain. Cette conception urbaine favorise une diversité de l’offre de logements et une imbrication de morphologies urbaines distinctes.

     Enfin, la symbiose ville-nature est un fondement essentiel et structurant du projet ViaSilva. Les grands ensembles biologiques et hydrologiques existants servent d’appui à un ensemble de parcs agro-naturels reliés par de grands corridors. Ces espaces ouverts multifonctionnels, au coeur de la ville ont des fonctions de respirations, de lieux d’animation et de récréation, de gestion des eaux et d’accueil de formes agricoles urbaines…
     La trame du projet ViaSilva 2040, qui s’inscrit dans la démarche « Nature en ville » du plan Ville Durable initié par l’Etat, traduit la volonté de proposer des espaces de proximité et des parcs agro-naturels adaptés aux besoins des habitants.

     L’émergence de la ville sur le site de ViaSilva va nécessairement transformer les lieux. Cependant, il s’agit d’un territoire qui a de nombreuses ressources et où la présence de vallons, de haies bocagères, de mares, de prairies sèches, de fermes, est prise en compte dans le projet. Un point important de ce projet est de reconstituer des continuités entre la forêt de Rennes et la Vilaine, présents en périphérie du site de ViaSilva. Il s’agit d’éléments naturels pérennes, insensibles aux crises économiques, aux changements politiques, aux modes du moment. Ils possèdent une dimension économique (valorisation du bois), une dimension climatique (régulateur de température), une dimension sanitaire (qualité de l’air), une dimension de qualité de vie (habiter dans un site « nature »)…

     D’une superficie de 2 900 hectares, cette forêt de Rennes est distante de 7,5 km du centre de Rennes mais seulement de 2 km du site ViaSilva. C’est une forêt royale de grande qualité, une forêt de production obéissant à des règles d’exploitation strictes n’empêchant pas les usages récréatifs.
     Géographiquement, le site de ViaSilva est traversé d’est en ouest par un promontoire qui se ramifie en direction de Rennes et de Cesson-Sévigné. Les routes historiques de Fougères et le prolongement de la route de la Chalotais s’inscrivent sur les crêtes. Elles dessinent dans le paysage les lignes de partage des eaux. Vers le nord, l’Ille. Vers le sud, la Vilaine. La Vilaine effleure le site sur la partie Est. Le système hydraulique a été gravement perturbé par la coupure de la rocade. Deux dépressions d’une superficie d’environ 130 et 170 hectares sont identifiées dans le Schéma de cohérence territoriale (Scot) comme zones humides à valoriser. Elles sont voisines d’un « champ urbain » (zone agricole à protéger) de près de 275 hectares.

     Les eaux de ruissellement et plusieurs sources alimentent en eau les sols qui se gorgent d’eau au fond des vallons. Des mares et des zones humides se sont développées, des étangs ont été creusés, accompagnées de leur cortège floristique et faunistique. Cette géographie de l’eau a favorisé l’émergence d’un grand système naturel, le chevelu de ripisylve, se déployant sur le site. Moins propices à l’agriculture, ces terres ont été épargnées par les remembrements et gardent ainsi un riche patrimoine de haies bocagères. Celles-ci constituent un ensemble de forêts linéaires, fragmentées par les infrastructures routières et par les terres dédiées à l’agriculture. Les prairies y sont nombreuses dont certaines sont mises en pâture, notamment à proximité de centre équestre de Cesson-Sévigné.
     Ainsi le projet de ViaSilva devra répondre à deux objectifs liés à la géographie: la mise en relation de la forêt de Rennes à la Vilaine et la gestion du réseau hydraulique qui se ramifie jusqu’au coeur du site.

     Un des fondements du projet est de mettre chaque habitant ou chaque employé à quelques minutes à pied d’un parc, où le paysage urbain fait écho au grand paysage. Notre travail marie la forêt et le lit majeur de la Vilaine en tissant un réseau de parcs traversant l’ensemble du territoire de ViaSilva et capable de compléter les principales structures naturelles conservées dans le Scot. La « trame » des villes est généralement constituée par le réseau des rues et des avenues. Ici elle est formée par le réseau de venelles en coeur d’îlots, de corridors, de parcs, de champs urbains et de forêts. C’est ce réseau de parcs et les circulations douces qui constituent l’armature de la ville.
     De quoi sont constitués ces parcs? Les ressources sont nombreuses et sont réappropriées pour construire le projet. Être attentif à la topographie, suivre le parcours de l’eau, identifier les unités de paysage, observer les usages des sols sont autant d’indices pour constituer les règles qui seront celles des aménagements futurs. Construire une ville sur un territoire est une rupture. L’enjeu est de mettre en place un ensemble d’écosystèmes où la nature et l’habitant trouveront un nouvel équilibre.

     Les espaces agricoles, forestiers et naturels ont les caractéristiques communes de remplir de multiples fonctions (économiques, environnementales et sociales) et d’être structurés par des liaisons (continuités biologiques, circulations…). Cette armature est indispensable à leur pérennité mais elle doit être réinterprétée avec l’émergence de la ville. Le projet ViaSilva urbanise principalement les parcelles actuellement dédiées aux cultures agricoles, et conserve de vastes espaces ouverts pour reconstituer un maillage continu entre les milieux source. Au sein des deux principales dépressions localisées au sud et à l’est du site, deux futurs parcs, les parcs de Boudebois et des Conillaux sont des relais entre la forêt de Rennes et la vallée de la Vilaine.

     Depuis ces parcs s’étireront plusieurs corridors larges d’une centaine de mètres. Ils rejoignent pour l’un le château de Vaux et plus loin le parc des Gayeulles et pour les deux autres la porte de la forêt avant de franchir la rocade pour rejoindre la forêt de Rennes. Les corridors s’établissent naturellement au sein des dépressions topographiques ou traversent des points culminants déclinant un ensemble de points de vue. Les « forêts linéaires », constituées d’un réseau de haies bocagères denses et encore existantes au-delà de la rocade et à proximité de la forêt de Rennes, se prolongent au sein de ViaSilva.
     Les eaux de ruissellement issues des nouveaux quartiers seront recueillies au sein de ces parcs et des corridors. Elles seront drainées par un maillage de fossés et de noues, temporisées au sein de mares, d’étangs ou de prairies humides avant de rejoindre leur exutoire naturel en direction de la Vilaine vers le sud et l’Ille vers le nord. Le cortège floristique et faunistique se déploie pour atteindre un nouvel équilibre entre la nature et la ville.
     Le projet ViaSilva est donc structuré par un réseau de corridors et des parcs dont les situations très variées se traduiront par des aménagements singuliers ou non. La proximité de ces espaces offrira une nouvelle façon de vivre la ville.

     ViaSilva est constitué de plusieurs quartiers. Chacun d’eux, de 8 000 à 11 000 habitants, propose de trouver à 10 minutes à pied tous les services du quotidien et l’accès aux grands espaces naturels. Le projet explore une autre manière d’habiter la ville. L’idée de proximité avec la nature se réalise par la création d’une succession de lieux susceptibles d’accueillir de nouvelles pratiques: le jardinage, le sport, la promenade. Il ne sera pas utile de partir loin pour se changer les idées. L’ensemble des lieux, publics ou associatifs, ouverts et accessibles, permet de s’épanouir dans un environnement moins contraint et appropriable.
     Les cheminements sont nombreux et reliés à ceux existants et indépendamment des axes de circulation. Ils permettront l’accès aux terrains de sport et de loisirs, aux marchés, aux jardins partagés. Des manifestations festives s’y dérouleront, attirant une population extérieure à ViaSilva.
     Au sein de chaque îlot, à proximité de chaque logement, un grand jardin est le point de départ de l’ensemble de ces circulations. Les enjeux pour le territoire de Via- Silva sont de préserver un sol vivant, de former une armature paysagère structurante et un cadre de vie attractif. La densité urbaine sera d’autant mieux acceptée si la campagne est accessible et proche du quotidien.