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Initiatives urbaines
#26
Exposition « sur Maillols », l’architecture à bras-le-corps
RÉSUMÉ > En 2013, l’architecte Georges Maillols aurait eu 100 ans. Il a marqué Rennes, ses habitants, ses visiteurs, par ses multiples constructions, parfois sculpturales. Dans le cadre de cette « année Maillols », de nombreuses initiatives ont été proposées sous l’égide de la Maison de l’Architecture et des espaces de Bretagne. Environ 150 étudiants et une dizaine d’enseignants de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne y ont participé. Place Publique revient sur un semestre d’atelier de projets imaginés par les étudiants de troisième année.

     Durant cette année, la Maison de l’Architecture et des espaces de Bretagne (MAeB) coordonne une « année Maillols » avec des visites et des ateliers pédagogiques organisés par l’Office du Tourisme, des conférences aux Archives Municipales et aux Champs Libres, un reportage photographique qui sera exposé Place de la Mairie à Rennes. L’édition d’un ouvrage commandé par la MAeB regroupera pour la première fois des documents d’archives, des travaux d’étudiants et des entretiens avec habitants et anciens collaborateurs. Environ 150 étudiants de première, deuxième et troisième année et une dizaine d’enseignants de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne, ont participé avec enthousiasme à cette « année Maillols ». Nous présentons ici le travail d’un semestre d’atelier de projet de troisième année (licence 3) encadré par les enseignants Philippe Madec et Cécile Mescam, baptisé pour l’occasion « Sur Maillols ».

     En décidant de travailler sur Maillols, les étudiants en troisième année d’école d’architecture ont abordé - voire affronté ! - une architecture majeure des Trente Glorieuses. Et ce « sur » s’est démultiplié en de nombreux points de vues décalés, comme autant d’approches de l’oeuvre. Il s’agissait en effet de travailler sur une architecture existante, mais aussi : dessous, à côté, dedans, au pied, entre, vers etc. Se baser non pas sur une table rase, ou bien une parcelle vide, mais envisager une construction existante dans sa ville pour réfléchir et projeter sur le déjà là et non le encore plus. S’interroger : comment réhabiliter, revisiter, adapter le patrimoine de la reconstruction et des Trente Glorieuses, la ville de la voiture, les principes modernes ? Que faisons-nous de notre héritage construit ?

     Au début du semestre, en février, les 26 étudiants ont choisi un bâtiment ou un ensemble de bâtiments rennais conçu par Georges Maillols. En premier lieu, une analyse du site sensible (le bruit, les vues, les sensations, une intuition), puis raisonnée (les statistiques, les cartes, les programmes existants…) a permis d’adopter une stratégie à l’échelle urbaine, une programmation et une implantation adaptées au contexte : social, urbain, paysager. Une attention particulière a été portée à l’usage, aux habitants et à la qualité des espaces publics. Une exposition scénographiée et mise en place par les étudiants aux Archives Municipales le 18 Avril, autour d’une conférence de Simon Letondu, co-directeur du futur ouvrage sur Maillols, a ponctué cette première phase. Dans un second temps, les étudiants se sont attachés à l’échelle architecturale : le bâtiment même et ses alentours les plus proches. L’étude de la structure, de l’acoustique, de la thermique, du fonctionnement du bâtiment vis-à-vis des règlementations actuelles, du rapport au sol, permit l’émergence d’une variété de résolutions appropriées, justes. En juin, la présentation finale de chaque projet a rendu compte d’une analyse fine de la cité, une nouvelle programmation pertinente et riche accordée à des usages actuels.

> Susanna et Elsa enrichissent le Trimaran d’un espace partagé entre les trois blocs de logements et à leur pied, le long de l’eau.

> Pour l’ensemble de logements La Closerie, à Bourg L’Evêque, Claudia, Joë et Tiffany proposent une balade depuis le parc de la Paillette vers le Belvédère au travers un verger de pommiers. Sur le côté, une serre habitable lie ces vergers aux potagers qui seront utilisés par l’école mitoyenne. Le rez-de-chaussée est réaménagé pour offrir des espaces communs aux habitants, des chambres d’amis et duplex sont construits sur les toits.

> L’ensemble gymnase/médiathèque conçu par Carmen et Yaël s’étire en face du restaurant universitaire l’étoile à Beaulieu. La promenade intérieur/extérieur et les placettes offrent des cadrages inhabituels vers ce lieu de restauration atypique.

> La tour et les plots de logements des Hautes Ourmes ont permis à Bérengère, Audrey et Alice d’expérimenter à côté, dessous, dessus et en face en organisant une place remplaçant les parkings existants. Les balcons revisités osent un nouveau visage et un nouvel usage.

> Une nouvelle extension est prévue pour le siège social de l’agence immobilière Lamotte : Pierre-Yves et Alexis proposent un contre-projet prenant en compte les besoins des occupants. Respectant le bâtiment conçu à l’époque comme un signal dans la ville, une façade contemporaine s’implante à côté et dedans. La maquette a été fabriquée par une imprimante 3D. à Patton 2, les bureaux de 1980 offraient des espaces de travail « en blanc » modulables aux moyens de chauffage innovants, mais ils ont pris de l’âge. Le futur métro tout proche pourra leur apporter un second souffle. Charlotte et Quentin remodèlent le centre d’affaires en adoucissant les liaisons au sol et en projetant de nouveaux programmes de rencontres sur et au centre.

Pour l’ensemble Le Landry, Elise et Fanny travaillent autour du centre commercial, des logements collectifs et maisons individuelles. Le parc, cultivé, est traversé et non plus coupé par la rue de Chateaugiron. Dans, dessous et dessus la petite tour, un travail fin de l’enveloppe et du fonctionnement des logements permet une adaptation aux règlementations actuelles et offre de nouveaux usages aux habitants.

> L’immeuble de logements du Pré Perché a un jardin caché sur l’arrière, à ses pieds. Caroline et Jessica osent une alternative au projet adjacent qui va bientôt se construire. Elles fluidifient les passages des environs vers ce nouveau parc, ouvrent le dessous, le rez-de-chaussée en implantant une crèche ouverte sur cette respiration en plein centre ville.
Jean-François et Maxime risquent un contre-projet urbain autour de l’hébergement pour cheminots du quartier Saint-Hélier en installant contre le bâtiment deux extensions : accueil et nouvelles chambres pour étudiants, tout en adaptant dedans les chambres existantes aux nouvelles règlementations thermiques, d’accessibilité, à un nouvel usage.

> Quand Florian et François ont étudié le square de Tanouarn, dans le quartier des Gayeulles, leurs entretiens avec les habitants ont vite fait apparaître le très bon fonctionnement général des logements: ils ont alors choisi d’implanter entre les constructions une promenade émaillée de petits équipements de proximité.

> La tour du Quai Richemont a été choisie par Manon et Cannelle pour ses caractéristiques modernistes et sa situation en tête, en phare de l’île. Elles proposent de l’utiliser comme belvédère sur la ville et d’enrichir son usage par une station nautique au pied, des espaces communs entre les deux blocs, un réaménagement dans les appartements.

> Louise et Julie s’interrogent sur le rapport au sol et à la ville de la barre de logements Le Grand Bleu à Cleunay en implantant sous le bâtiment des espaces communs pour les habitants, des équipements pour le quartier. Sur la façade Nord, des loggias isolent thermiquement et agrandissent les intérieurs transformés pour être accessibles aux handicapés. La barre ne barre plus mais relie.