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Dossier
#11
« C’est un quartier qui vit mais pas pour les jeunes… »
RÉSUMÉ > SILVÈRE LEBRETON, éducateur spécialisé du Relais, service de prévention de l’enfant et de l’adulte en Ille-et-Vilaine, a participé à l’élaboration d’un diagnostic sur la place des jeunes dans le quartier Sud-gare.

CHARLÈNE SALOMÉ > Selon une enquête de l’Insee réalisée en 2006, la classe d’âge des 18-25 ans progresse dans le quartier. Comment l’expliquez-vous ?

SILVÈRE LEBRETON > Il peut s’agir de jeunes qui ont grandi dans le quartier et qui vivent encore chez leurs parents. C’est le symptôme d’une génération qui a du mal à quitter le cocon familial. Le départ des jeunes est de plus en plus tardif, c’est un fait. Ce sont aussi parfois des étudiants, de jeunes salariés attirés par la tranquillité du quartier, la proximité avec le centre-ville, la présence du métro et des lignes de bus 3 et 8. Il est intéressant d’entendre les jeunes vanter le calme du quartier, mais aussi de les entendre s’en plaindre, en précisant qu’ici il n’y a finalement pas grand-chose à faire.

CHARLÈNE SALOMÉ > Dans cette étude, vous définissez le quartier comme étant « une fraction du territoire d’une ville, dotée d’une physionomie propre et caractérisée par des traits distinctifs, lui conférant une certaine unité et une individualité ». Est-il véritablement perçu comme tel par les jeunes ?

SILVÈRE LEBRETON > C’est une délimitation administrative, mais il n’existe pas d’identité spécifique au quartier Sudgare. Les habitants ont plutôt tendance à se réclamer d’un sous-quartier : Sainte-Thérèse, Sacré-Coeur ou Binquenais. Et les jeunes disent qu’ils habitent derrière la gare.

CHARLÈNE SALOMÉ > Ce diagnostic du Relais met en évidence le manque de participation des jeunes à la vie du quartier. Elus et habitants le confirment. Quelles en sont les raisons ?

SILVÈRE LEBRETON > C’est un quartier plutôt vieillissant, historiquement très construit et dans lequel il y a un renouvellement plutôt faible. Il n’y a pas de véritables actions à destination des jeunes. Il y a aussi peu de points de regroupement. C’est un endroit dans lequel il y a plein de petits squares, mais pas de véritables espaces verts. Et dès qu’il y a la moindre agitation, les habitants plus âgés réagissent. Les nuisances sont rapidement maîtrisées.

CHARLÈNE SALOMÉ > Finalement, n’est-il pas une citédortoir pour les jeunes ?

SILVÈRE LEBRETON > C’est quand même un quartier qui vit, notamment vers Sainte-Thérèse, mais pas pour les jeunes. C’est un territoire centrifuge pour cette tranche d’âge, attirée vers l’extérieur du quartier, le centre-ville notamment. Quand elle veut faire du sport, de manière informelle, jouer au foot entre amis, elle est contrainte de côtoyer les limites du quartier, de se rendre au stade Jean- Coquelin notamment.

CHARLÈNE SALOMÉ > Quelles sont les initiatives qui pourraient être mises en place pour que les jeunes absents de la vie de quartier investissent davantage ce territoire ?

SILVÈRE LEBRETON > La mise à disposition d’espaces sportifs, de stades semble primordiale. Il y a aussi la nécessité de trouver une centralité au quartier. La future place Jacques-Cartier pourrait jouer ce rôle. On pense aussi à la mise à disposition de logements étudiants à moindre coût, en échange d’une implication dans la vie sociale auprès des personnes âgées, ce qui permettrait de créer du lien intergénérationnel.